Mijoty s'ennuie...

Publié le par GALET

     boite - r-ves coloréAssise près de la fenêtre, sa boîte à rêves sur les genoux, Mijoty s’ennuie… Et une petite sorcière qui s’ennuie, croyez-moi, ce n’est pas drôle. Ça peut même être très dangereux, parce que, dans ces moments-là, toutes les vieilles et mauvaises tentations reviennent vous assaillir : troubler l’eau des mares pour que le bétail ne puisse plus s’y abreuver, brouiller les chemins de la forêt pour que le voyageur ne puisse pas trouver asile avant la nuit, et si, par hasard, il trouve le bon sentier, provoquer une panne de courant pour que le logis accueillant reste dans le noir, et mille et une autres choses que font normalement les sorcières qui n’ont pas, comme Mijoty, opté pour la gentillesse, la gaité et le bonheur.

     Mais Mijoty résiste au petit démon perché sur son épaule qui lui murmure qu’elle pourrait facilement s’amuser aux dépends des autres. Elle a juré-promis de faire le bien et elle s’y tient. Mais elle s’ennuie… Distraitement, elle regarde les rêves bien rangés par paquets de dix dans sa boîte en bois de rose. Chacun lui rappelle quelque chose.

     Tiens, celui-là, c’était celui d’une dame qui voulait écrire un très, très long roman pour les enfants, mais que les adultes aussi aimeraient. Elle avait baptisé son jeune héros « Harry Potter ». Elle lui faisait vivre un tas d’aventures toutes plus délirantes les unes que les autres, mais se perdait parfois dans les méandres de ses idées et, sans le savoir, elle avait cherché de l’aide. Mijoty était arrivée à temps pour l’empêcher d’écrire trop d’énormités ! Pendant son sommeil, elle s’asseyait près de son oreiller et lui racontait, de sa voix menue, les exploits de son arrière-arrière grand oncle, et au réveil, l’écrivaine pensait avoir trouvé une idée originale et la couchait immédiatement sur le papier. Cette période avait été très intense pour notre petite sorcière qui souffla quand les premiers tomes furent édités, en se disant que, maintenant, les informations fournies étaient suffisantes pour que la suite se passe d’elle.

     Cet autre, là, était un de ses préférés. C’était celui d’un homme très savant qui voulait trouver comment soigner une maladie jusque là mortelle : la rage. Oh, Mijoty ne prétendait pas lui avoir soufflé la formule magique, elle ne la détenait pas, et ceci était beaucoup trop grave pour qu’elle se permette d’y mettre son grain de sorcellerie ! Non, elle avait simplement veillé sur ses rares moments de repos, en chassant les idées sombres qui venait obscurcir ses recherches, elle avait mis discrètement de l’ordre dans ses notes, pour qu’il s’y retrouve, et elle était cachée dans les gradins le jour où Louis Pasteur avait communiqué le résultat de ses recherches.

     Il y avait aussi quelques rêves de paillettes et de strass, comme ceux de ces garçons et de ces filles qui se voyaient déjà tout en haut de l’affiche, et qui se présentaient à des concours pour chanter, pour danser… Mijoty s’efforçait de les accompagner le plus loin possible et d’atténuer leur peine lorsque la gloire boudait, ou tournait le dos un peu trop vite.

     Il y avait tant de rêves, et aucun n’était inutile, du plus petit au plus grand. Des rêves de paix, des rêves d’amour, des rêves de bien-être, des espoirs par milliers. Elle les connaissait tous, elle les avait tant de fois regardés.

     Et puis il y avait le rêve qu’en fait tout le monde fait, qui est à la fois si facile et si dur à réaliser, celui d’avoir un ami à qui se confier, quelqu’un qui vous comprenne sans même qu’on ait besoin de parler, quelqu’un qui partage votre peine et rit de votre joie.

     Ce rêve-là ne faisait pas partie des petits paquets bien rangés dans le coffret de la gentille sorcière. Il était couché sur un beau papier satiné, légèrement nacré, finement bordé de doré, il prenait des couleurs différentes selon la position du soleil ou les phases de la lune, et Mijoty le glissait dans un étui aussi doux qu’un pétale de rose, bien à plat dans le fond de la boîte. Ainsi ce rêve supportait  le poids de tous les autres, et c’était normal, puisqu’on n’est rien sans un ami…

     C’est ce que se disait Mijoty en rabattant doucement le couvercle et en rangeant sa précieuse boîte à rêves. Elle aussi aurait voulu que quelqu’un l’entende.

     Ce qu’elle ne savait pas encore, c’est que moi, par la seule magie de quelques mots sur une feuille, j’avais un instant partagé sa nostalgie et ses pensées, et que de nombreuses autres personnes viendraient à leur tour rêver et faire un bout de chemin avec elle.

Publié dans Coups de coeur

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M
<br /> bien belle histoire que celle-ci, merci, MIAOUUUU!!!!!!!!!!<br /> <br /> <br />
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G
<br /> <br /> Merci ! J'ai hâte de la découvrir au milieu de bien d'autres belles pages !<br /> <br /> <br /> <br />
S
<br /> j'aime la magie de ces mots :)))<br /> <br /> <br />
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G
<br /> <br /> Merci, c'est très gentil ! Il va falloir que je trouve le temps d'aller voir les autres textes. J'ai beaucoup aimé le premier recueil.<br /> <br /> <br /> <br />
L
<br /> Je l'a, mais je ne l'ai pas encore lu<br /> <br /> <br />
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G
<br /> <br /> C'est plein d'invention, et Quichottine nous propose maintenant d'écrire la suite des aventures de la petite sorcière.<br /> <br /> <br /> <br />
V
<br /> Que de tendresse!Je t'embrasse VITA<br /> <br /> <br />
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G
<br /> <br /> Merci beaucoup ! Il faudrait lui présenter tes anges...<br /> <br /> <br /> <br />
L
<br /> Bizzz des cafards en vadrouille<br /> <br /> <br />
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G
<br /> <br /> Toutes pattes réunies, ça doit avaler du chemin ! Bizzz en retour !<br /> <br /> <br /> <br />