Retour...dans le passé
Quichottine m'a signalé (il y a déjà quelque temps) que j'aurais intérêt à débroussailler les allées de mon blog, sous peine d'asphyxie... Je sais que les visiteurs y sont rares, mais il ne faudrait pas que les courageux qui s'y aventurent soient lacérés par les ronces, s'empêtrent dans les racines de lierre, se prennent les pieds dans les souches mortes... Pourtant, dans tout cela, il y a de la vie... Un microcosme rampant, ailé, serpentant.
Quoi ? Je confonds réel et virtuel ? Pas si sûr... Venez, prenez ma main, et suivez-moi à travers les fourrés, jusqu'à ce tertre, où s'élève une petite chapelle...
Elle est petite, a été plusieurs fois détruite et relevée, mais ses pierres retiennent tant d'Histoire, d'histoires, de croyances, alimentées par cette source qui bruisse sous le petit autel déserté, cette autre qui coule dans le lavoir et la troisième qui se perd dans le bois...
C'est l'heure du conte. La dame en noir sous sa longue cape va nous parler d'un temps que nous croyons passé, et sa lanterne attire les enfants et les papillons qui dansent dans cette soirée qui s'étire au soleil d'une splendide fin de journée...
Elle raconte les commérages autour du lavoir, et les lavandières toutes vêtues de blanc qui s'en viennent battre leur lessive à la mi-nuit, celles qui entraînent les pauvres diables avinés sous le couvert et qu'on ne revoit plus...
Elle apprend aux petits étonnés que bien avant qu'une mode venue d'ailleurs fasse danser les diablotins et sorcières dans la nuit du 31 octobre, l'arrière-arrière grand'mère de son arrière-arrière grand'mère, à moins que ne ne soit une génération encore au-dessus, venait à cette même date carresser la pierre druidique qui lui permettait, une fois l'an, de converser un court instant avec ses chers disparus...
Puis ils suivent la conteuse, au son de la flûte qui égrène ses notes d'argent auxquelles se mêlent les trilles des oiseaux. Dans la chapelle, elle soulève la grille qui protège la source, doucement, pour ne pas effaroucher un dragon qui s'y cache depuis la dernière visite de Sant Paol... Hélas, les petits ont chuchotté un peu trop fort et la bête est partie... Mais Manon assure qu'elle a vu le bout de sa queue rouge et jaune !
Qu'à cela ne tienne, ils chercheront les traces de farine laissées par le chat du meunier... Une, ici, sur la route ; deux plus loin sur le talus ; là, encore, sur la branche basse d'un arbre... Les marmots se disputent le plaisir de trouver les marques, et se retrouvent au bord de l'Aber :
La mer est encore trop haute pour s'engager sur l'étrange construction de pierre qui mène...
Alors la vieille dame va leur dire ce qu'elle sait de cet endroit qu'on nomme : " Pont Krac'h", le pont du Diable. Et moi, j'écoute, et je ne dis rien, pour ne pas la vexer, mais je sais que la vérité est ailleurs...
Il se fait tard, il faut rentrer avant que les lavandières s'en reviennent. On éteint la lanterne, on se sépare... Les enfants demandent si c'était vrai...